Vous avez été nombreux à consulter notre premier série de portrait des Artisans Vignerons avec qui nous avons le plaisir d’évoluer depuis quelques années déjà et que nous avons l’honneur de représenter.La prise de position éditoriale que j’ai adoptée est simple. J’ai choisi de valoriser ces hommes et ces femmes de l’ombre, ces poètes régionaux, ceux par qui je relaye le message. Et croyez que les artisans vignerons me le rendent bien!Suite à la publication de l’article sur les artisans vignerons de Champagne, premier d’une longue série à venir, je reçois du grand Monsieur Anselme Selosse des mots de remerciement. Je ne les dévoilerai pas dans leur intégralité mais j’en partage quelques uns avec vous afin que vous puissiez prendre la mesure de l’engagement qui lie ces hommes et ces femmes à leurs vignes.Aurélie, merci de croire en notre viticulture et vinification de nombreuse fois critiquées, merci pour votre engagement qui nous donne de l’espoir et qui fait contrepoids à la vision hygiéniste de nos politiques et administratifs…

J’en viens à mon propos, ce propos meme que les journalistes ne traitent que trop peu souvent…1er Constat:

« La France a deux grandes spécialités : son vin et sa capacité à dénigrer le patrimoine national. La loi Evin réunit les deux. Au pays des grands crus, elle interdit toute publicité et toute communication portant sur le plaisir du vin, alors que celui-ci représente la seconde rentrée de devises après l’aéronautique et que le repas gastronomique à la française est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO ! D’où vient cette idéologie de la culpabilité qui confine parfois au ridicule ? (Copyright Jacques Dupont- Invignez Vous!)

2ème constat

Les vignerons sont les ambassadeurs d’un savoir-faire classé patrimoine immatériel de l’Unesco en 2010 pour la gastronomie et peut etre bientôt patrimoine culturel et gastronomique pour le vin français. Pourtant, ils sont très peu représentés dans la presse et les médias et sur Internet.

Les conséquences?

Les artisans vignerons exportent plus à l’étranger qu’ils ne produisent en France. La France méconnait de manière singulière son patrimoine.

Alors n’est-t-il pas temps de privilégier l’éducation et l’apprentissage du goût ?!

Vous l’aurez compris, un seul d’entre eux s’est attardé sur le sujet. Jacques Dupont, Journaliste pour le magazine Le Point, dans le très bon “Invignez-Vous!”

Le Pitch

Jacques Dupont est le responsable des pages “vins” de l’hebdomadaire Le Point. Il publie un livre salutaire qui s’insurge contre la loi Evin et le lobby hygiéniste en France. A lire sans aucune modération !

Un des maux les plus pernicieux qui ronge depuis des années la société française est sans aucun doute le “politiquement correct”. Cette dictature de la pensée, malheureusement relayée avec complaisance par la plupart des médias, gangrène aujourd’hui presque tous les débats de société dans notre pays. Et, pour se cantonner à ce qui nous passionne tous ici, le monde du vin est particulièrement touché par ce phénomène.

Jacques Dupont n’en peut plus de toutes ces hypocrisies. Et il le clame haut et fort dans son dernier livre, “Invignez-vous !”, un joyeux coup de gueule contre la loi Evin et le lobby hygiéniste français qui rêve d’interdire définitivement toute consommation de vin et d’alcool en France.

Avec talent, il dénonce pour commencer ce qu’il faut bien appeler l’échec de la Loi Evin. Celle-ci, datant de 1991, réglemente de façon extrêmement restrictive toute communication sur les boissons alcoolisées, sans aucun discernement. Une loi qui a été inspirée par un lobby hygiéniste qui avait noyauté le ministère de la Santé de l’époque (avec, entre autres, un certain Jérôme Cahuzac…), un lobby animé par un véritable moine-soldat, le Professeur Claude Got, une sorte d’illuminé et de croisé anti-plaisir qui se sent habité d’une vocation à faire le bonheur des autres à leur place, mais surtout avec modération ! Vingt-deux ans plus tard le constat est simple : la loi Evin n’a eu aucun effet durable sur l’alcoolisme en France… Pour une raison toute simple, qu’il est pratiquement interdit de dire sans se faire traiter d’assassin en puissance : ce n’est pas l’alcool qui crée l’alcoolisme, mais la misère sociale et humaine. De la même manière que ce n’est pas l’automobile qui provoque des accidents mais le comportement des conducteurs.

Pire encore, dans sa phobie répressive, cette loi a ignoré toute la dimension humaine et culturelle du vin en France. Elle a montré du doigt les vignerons en les assimilant à de véritables dealers de drogue, elle a interdit de montrer à la télévision des images de dégustation de vin dans le moindre reportage sur un vignoble, elle a fait condamner (entre autres stupidités) Le Parisien qui avait publié plusieurs articles de guide d’achat de champagnes pour les fêtes de fin d’année sous prétexte que des titres comme « Quatre bouteilles de rêve » était incitateur à la consommation… Pour le coup, effectivement, on croit rêver ! Sans parler de l’incroyable hypocrisie qu’il y a à réprimer le vin à l’intérieur de nos frontières tout en se réjouissant (avec modération, bien entendu !) que les exportations françaises de vins et spiritueux soient le deuxième plus gros poste excédentaire de notre balance commerciale…

Jacques Dupont fustige aussi cette affirmation péremptoire des hygiénistes selon lesquels il ne peut y avoir de consommation raisonnable d’alcool et que tout premier verre est en fait un premier pas vers l’alcoolisme… Heureusement des médecins ont dénoncé ces diktats de certains de leurs confères, de la même façon qu’ils ont du dénoncer l’autre grande stupidité qui a eu son heure de gloire et qui clamait que le vin était cancérigène dès le premier verre bu ! Effectivement, vivre est dangereux, on peut même en mourir…

Tout amateur de vin se doit de lire ce livre. D’abord pour bien comprendre comment certains illuminés nous manipulent depuis des années. Pour pouvoir ensuite répandre la bonne parole avec de bons arguments et lutter ainsi contre cette dictature de la pensée hygiéniste qui menace (entre autres) notre passion commune.

Dans le prochain épisode: les artisans vignerons du Val de Loire

Le portrait de
BERTRAND MINCHIN
THIERRY MICHON
THIERRY GERMAIN
ERIC MORGAT